Aubrac, peaux de vache, mon oeil!

Je trouve cette série très intéressante sur le plan théorique. Au départ, j’ai eu une fascination quand j’ai découvert les vaches d’Aubrac et j’ai voulu leur rendre hommage.

Ce qui m’intéresse aujourd’hui, au delà du résultat (ça plait, ça plait pas), c’est la réflexion que cela m’inspire sur ma façon de photographier.

Quand j’anime des ateliers sur les séries photographiques, la première question qui agite les participants, c’est bien évidemment le choix du sujet qu’ils vont photographier. Une fois celui-ci réalisé, j’essaye d’expliquer qu’il y a ensuite une deuxième partie que j’appelle « l’approche du sujet », c’est à dire, qu’est-ce que je veux dire ou montrer sur ce sujet.

Cette série explicite parfaitement ce thème. Mon sujet, c’est « les vaches« . Si on demande à des personnes de photographier des vaches, on va avoir des animaux à quatre pattes, des mufles, des cornes, des queues, peut-être des bouses. J’ai essayé d’avoir une approche différente.

J’ai voulu montrer ce que d’habitude on ne montre pas, parce qu’on ne le « voit » pas, c’est à dire des gros plans sur leur peau, sur leurs yeux, le tout complètement déconnecté du contexte (à la limite on peut ne pas se rendre compte qu’il s’agit de vaches). Pourquoi, j’ai fait ça, parce que leurs peaux sont belles, parce que leurs yeux sont beaux et que leurs peaux sont toutes différentes et que leurs yeux sont tous différents et que si l’on montre des vaches dans leur entier, on ne le voit pas. J’ai envie que le spectateur regarde les choses de façon différente, de lui montrer l’invisible.

Derrière la réalité que tout le monde peut voir, il y a plein de réalités cachées. Avec mon appareil photo, j’essaye de les montrer.

Mon sujet c’est donc « les vaches », mon approche, c’est ce que je viens d’expliquer.